Médecine esthétique : ce qui fonctionne vraiment… et ce qui ne sert à rien
Vous hésitez à franchir le pas parce que vous entendez tout et son contraire ? C’est normal. La médecine esthétique est en plein boom, mais elle n’échappe pas aux effets de mode, aux promesses marketing exagérées… ni aux grandes déceptions. Résultat : beaucoup de patient(e)s ne savent plus où donner de la tête. Alors, que peut-on réellement attendre des soins esthétiques aujourd’hui ? Et surtout : qu’est-ce qui fonctionne vraiment — et qu’est-ce qui ne marchera jamais ?
Le Dr Jérôme Quezel Guerraz, médecin esthétique à Perpignan, fait le point.
Les traitements de médecine esthétique qui ont fait leurs preuves
1. Les injections d’acide hyaluronique : un must pour redessiner le visage sans chirurgie
L’acide hyaluronique est aujourd’hui l’un des piliers de la médecine esthétique moderne. Il s’agit d’une molécule naturellement présente dans la peau, capable de retenir jusqu’à 1 000 fois son poids en eau. Injectée de manière ciblée, elle permet de restaurer les volumes perdus, redonner du galbe à certaines zones (pommettes, tempes, mâchoire), ou encore corriger des détails qui modifient l’équilibre du visage — comme une bosse sur le nez ou des cernes creux.
Mais attention : ce n’est pas un produit “remplisseur”. Quand le geste est précis, il permet surtout de recréer des lignes, rétablir une harmonie, rajeunir sans changer les traits. L’effet est visible immédiatement, avec un résultat naturel qui s’installe en quelques jours. Selon la zone, la tenue varie de 6 à 18 mois.
Ce traitement, adaptable à tous les âges, est aussi l’un des plus modulables : on peut démarrer en douceur et affiner progressivement. C’est d’ailleurs l’un des actes les plus demandés chez les patient(e)s qui veulent “avoir meilleure mine” sans avoir l’air injecté(e)s.
2. Le Botox (toxine botulique) : oui, mais bien dosé
Contrairement aux idées reçues, le Botox ne fige pas… sauf si on en abuse. Ce médicament, utilisé en médecine depuis les années 80, agit sur la contraction musculaire. Injecté en très petites quantités, il met certains muscles “au repos”, ceux qui, à force de bouger, créent des rides dynamiques : rides du lion, pattes d’oie, front marqué.
En maîtrisant parfaitement les doses et les points d’injection, on peut lisser sans figer. Le regard reste expressif, les sourcils mobiles, le visage vivant. L’effet est progressif sur quelques jours, et dure environ 4 à 6 mois.
Au-delà du front, la toxine botulique peut aussi être utilisée pour d’autres zones : ouverture du regard, sourire gingival, contour du visage, ou même pour réguler la transpiration (hyperhidrose). Encore faut-il un œil expert pour l’indiquer au bon moment.
3. Les lasers médicaux : pour la peau, le teint et la texture
Les lasers ne sont pas réservés aux taches ou aux poils. Aujourd’hui, ils font partie des outils les plus performants pour améliorer la qualité globale de la peau.
Le laser CO2 fractionné, par exemple, agit comme une “reprogrammation cutanée” : en créant de micro-impacts sur la peau, il stimule une régénération profonde. Résultat : peau plus ferme, plus lisse, grain affiné, ridules atténuées. Idéal pour les peaux matures, fripées ou abîmées par le soleil.
Les lasers vasculaires ciblent les rougeurs (couperose, érythrose), tandis que les lasers pigmentaires traitent les taches brunes ou le mélasma. Selon les indications, on peut les combiner dans une approche globale, souvent en cure.
Leur efficacité dépend de deux choses : la qualité de la machine (tous les lasers ne se valent pas), et l’expertise du médecin (réglages, indications, contre-indications). Ce sont des traitements techniques, et non des soins de confort.
4. Les peelings moyens et profonds : pour une vraie régénération
Loin des simples exfoliations, les peelings médicaux agissent en profondeur. Ils consistent à appliquer un acide sur la peau pour provoquer une desquamation contrôlée, qui va forcer l’épiderme à se renouveler et stimuler le derme.
Les peelings moyens (à base de TCA par exemple) permettent de traiter les irrégularités pigmentaires, les pores, les ridules, et donnent un coup d’éclat rapide. Les peelings profonds, eux, agissent comme un lissage cutané intense. Ils sont indiqués pour les rides marquées, les peaux très abîmées, les cicatrices d’acné.
La récupération peut prendre plusieurs jours à plusieurs semaines, selon l’intensité. Mais les résultats sont souvent spectaculaires : peau plus uniforme, plus dense, ridules effacées, texture lissée.
Ces traitements ne peuvent être réalisés que par un médecin formé. Ils nécessitent un bon diagnostic, une préparation, un protocole post-acte rigoureux, et surtout… une vraie indication. Mal choisis ou mal faits, ils peuvent au contraire sensibiliser la peau ou créer des effets secondaires.
Ce qui ne marche pas… ou pas comme on le pense
1. Les crèmes miracles anti-rides : un mythe entretenu par le marketing
Chaque année, des dizaines de crèmes promettent une “peau visiblement plus jeune”, des “rides lissées en 15 jours”, voire un “effet lifting sans chirurgie”. La réalité scientifique est plus nuancée.
Une crème, aussi chère ou prestigieuse soit-elle, ne franchit pas la barrière de l’épiderme de manière significative. Les actifs comme le rétinol, l’acide hyaluronique ou la vitamine C ont un intérêt — mais ils agissent à la surface. Ils peuvent améliorer la texture de la peau, lui redonner de l’éclat, renforcer l’hydratation… mais ils ne gomment pas une ride installée.
Penser qu’un cosmétique peut remplacer un acte médical (laser, peeling, injection) est une illusion. C’est la confusion la plus fréquente chez les patients.
2. Les soins gadgets : de l’effet immédiat, mais sans lendemain
Ils se présentent bien, font parfois du bien… mais ne changent rien en profondeur. Ventouses visage, rollers, LED grand public, radiofréquences “esthétiques” à faible intensité : ces soins procurent souvent une sensation de fermeté ou un coup d’éclat passager.
Mais c’est du cosmétique, pas du médical.
La peau semble tonifiée parce qu’on a stimulé localement la microcirculation. Mais sans action sur le derme, il n’y a pas de régénération, pas de stimulation réelle du collagène, pas d’impact durable. Ces soins peuvent être intéressants en complément d’un suivi médical ou comme rituel bien-être, mais ils ne suffisent pas à eux seuls.
Et surtout : ils ne doivent jamais être vendus comme des alternatives à un acte médical.
3. Les traitements “ciblés minceur” sans stratégie globale : l’illusion du résultat facile
Cryolipolyse, HIFU, ultrasons focalisés, onde de choc… Oui, ces technologies peuvent fonctionner, mais à une seule condition : qu’elles soient bien indiquées, bien réalisées, et intégrées à une stratégie globale.
Un traitement de cryolipolyse isolé sur un ventre relâché, sans bilan, sans suivi alimentaire ni accompagnement, ne donnera rien. Pire : cela peut créer des disproportions si la graisse est mal ciblée.
Ce sont des outils intéressants dans le cadre d’un remodelage corporel médicalisé, avec un suivi rigoureux, une évaluation des zones, et des objectifs clairs. Mais ils ne remplacent ni le sport, ni l’alimentation, ni la rigueur du protocole.
Autrement dit : pas de baguette magique pour mincir sans rien changer.
4. Les injections mal posées ou à prix cassés : attention aux fausses bonnes affaires
C’est peut-être le point le plus important. En médecine esthétique, le “low cost” est un signal d’alerte.
Une seringue d’acide hyaluronique ou de Botox de qualité a un coût incompressible. À cela s’ajoutent l’expertise du médecin, la traçabilité des produits, l’assurance médicale, l’hygiène du cabinet, la précision du geste… Tout cela a un prix.
Les injections ratées (visage figé, bouche trop gonflée, pommettes surélevées, nez déformé) ne sont jamais le fruit du hasard. Ce sont le plus souvent des actes réalisés :
- par des praticiens non qualifiés ou peu formés,
- avec des produits de mauvaise qualité,
- ou dans une logique de quantité au détriment du sur-mesure.
Et réparer une erreur prend souvent plus de temps, d’argent et d’énergie que de bien faire les choses dès le départ.
Le bon réflexe : demander au médecin quel produit est utilisé, vérifier qu’il est agréé et sécurisé, et surtout, ne jamais se décider uniquement sur un tarif.
